Déroulement de l’évaluation

L’évaluation des établissements se fait en trois phases :

• Au cours de la première, l’établissement fait son auto-évaluation ou son autocritique lors de plusieurs réunions de préparation.
• Au cours de la seconde phase, des questionnaires peuvent être remplis par toutes les catégories d’usagers de l’établissement, des parents aux enseignants en passant par les élèves, les agents, les autres personnels. Des visites sont faites en classe par des équipes composées d’IPR et de chefs d’établissement extérieurs.
• Au cours de la troisième phase, les évaluateurs viennent présenter leurs conclusions dans l’établissement.

L’exemple du lycée Brochon

Au lycée de Brochon, l’évaluation a commencé au moment où l’établissement se battait contre la baisse de la DHG à la rentrée 2021. Les enseignants ont refusé que l’évaluation démarre, tant que des heures ne seraient restituées ! L’évaluation a été ainsi retardée.

En juin, l’autoévaluation s’est faite : chaque équipe disciplinaire a choisi d’évaluer ses difficultés en exprimant la liste des revendications (déjà présentées en audience au rectorat sur la DHG). Ce n’était pas ce qui était attendu… À noter : il y aussi des questionnaires anonymes à destination des élèves et des parents ! Tremplin idéal pour une campagne de délation…

En ce qui concerne les visites, démarrées en septembre 2021, beaucoup d’enseignants s’étaient prononcés contre le principe. Une déléguée FO avait précisé qu’il était possible de les refuser. Les collègues s’étant déclarés opposés aux visites ont tout de même été sélectionnés pour qu’elles se fassent. Certains sont allés au bout, et leur visite a été annulée ; sur place, l’un d’eux a même refusé l’accès à sa salle. D’autres ont permis finalement ces visites. Celles qui ont eu lieu dans les classes les plus difficiles et les plus chargées se sont mal passées.

Mais lors de la restitution, ces difficultés sont mystérieusement gommées : le lycée est un lycée de classes sociales aisées (sans tenir compte des élèves qui viennent du Chapitre !), il n’y a aucun problème dans les cours, tout va bien dans cet établissement, il faut seulement améliorer la différenciation pédagogique en direction des publics hétérogènes, on va vous suggérer des pistes...

Devant l’indigence des conseils donnés, qui ne faisaient qu’enfoncer des portes ouvertes, et l’absence de prise en compte des difficultés, les collègues étaient écœurés. La déléguée FO a tenté de recentrer le débat sur les effectifs à 35 et +, mais l’agacement des évaluateurs était palpable.
L’important pour eux était de nier la justesse des revendications et de les faire taire : « nous n’avons pas de moyens à vous donner ».

Les vraies enjeux de l’évaluation

Au CAEN l’an dernier, le responsable qui présentait le but de ces évaluations avait été clair : « nous allons vous aider à faire mieux avec moins ». L’évaluation des établissements est un outil pour leur pilotage par le Rectorat. L’artifice apparaît donc clairement : on ne reconnaîtra pas les difficultés qui risqueraient de légitimer la demande de plus de moyens !